Terra, un modèle permaculturel réussi au Luxembourg

La coopérative Terra distribue ses paniers de fruits et légumes frais aux Luxembourgeois.

Luxembourg, le 23.07.2018

Terra, qui est l'acronyme de Transition and Education for a Resilient and Regenerative Agriculture (Transition et éducation pour une agriculture résiliente et régénérative), est une société coopérative luxembourgeoise.


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L'idée ! Février 2014 Mars 2104 1er Juin 2014

L'idée !

Au sein du CELL*, naît la volonté de créer une activité regroupant les différentes idées de transition...

Février 2014

40 000€ sont réunis grâce aux parts des coopérateurs, finançant ainsi le matériel pour démarrer l'activité.

Mars 2104

Démarrage de l'activité proprement dite : début des cultures.

1er Juin 2014

Distribution des premiers paniers (une trentaine) de fruits et légumes.

Aujourd'hui, environs 200 paniers sont distribués chaque semaine !


*Le CELL (Centre for Ecological Learning) est "une organisation à but non lucratif qui fournit un espace expérimental pour la pensée, la recherche, la diffusion, la pratique de modes de vie post-carbone et la culture régénérative" (source : https://cell.lu/fr/notre-mission/).


Laissez-moi vous emmener à la découverte de ce projet résolument permaculturel en suivant les 3 axes directeurs de celle-ci : Prendre soin de la Terre, Prendre soin des Hommes et Partager équitablement.

 
 
Laissez-moi vous emmener à la découverte de ce projet résolument permaculturel en suivant les 3 axes directeurs de celle-ci : Prendre soin de la Terre, Prendre soin des Hommes et Partager équitablement.

Prendre soin des Hommes



Pour parler de l’humain dans ce projet, je me dois de commencer par vous présenter les initiateurs du projet Terra. Sophie, Marko et Pit se sont rencontrés au CELL. Ils se sont réunis avec l’idée commune de monter un projet permettant de mettre en pratique les différentes idées de transition et d’en vivre. Engager ce projet ensemble est une première façon de prendre soin les uns les autres, en se soutenant mutuellement dans cette aventure.

Pit a été formé au maraîchage, Sophie en anthropologie et agroécologie et Marko en anthropologie, développement durable et a travaillé dans des fermes en permaculture pendant 8 ans.

Ils se sont tous trois bien trouvés, que ce soit humainement ou professionnellement, chacun apportant ses forces…et ses faiblesses aussi. Leurs rôles au sein de la coopérative se sont définis naturellement au fur et à mesure du temps, selon les affinités de chaque associé : Pit est maître maraîcher, Marko s’occupe de l’installation des infrastructures et Sophie des aspects pédagogiques, administratifs et de la communication. Néanmoins, aucun n’est irremplaçable, ce qui permet de ne pas avoir de pression psychologique. Pour poursuivre dans ce sens, ils ont mis en place une gouvernance partagée. Les décisions se prennent ensemble et, chaque lundi matin, les associés se retrouvent pour un « Monday checking » : ils font le point sur ce qui va, ne va pas, les étapes à venir…

Tous les jours, à 11h et à 13h, la pause est sacrée ! Le temps pour les travailleurs de prendre soin d’eux en se reposant un moment et en grignotant quelque chose. C’est l’occasion aussi de discuter de tout et de rien, d’échanger ses bonnes recettes et de faire gouter la dernière confiture réalisée !
 
Pause maté à Terra
A Terra la pause est sacrée car le bien être des Hommes fait parti de leurs préoccupations.
Terra prend soin des Hommes en leur donnant accès à une nourriture saine et locale.
 
 
La production est diffusée par la vente hebdomadaire de paniers, via des restaurateurs et depuis peu, par la vente directe. Cette offre répond à une demande importante de la part des Luxembourgeois. Malgré la singularité de la population de ce petit pays -jeune, internationale et venant principalement pour le travail- elle est très éduquée et a envie de s’investir dans des projets comme celui de Terra. Elle souhaite une alimentation locale et bio, très peu présente car 98% des produits vendu au Luxembourg sont importés.

Les associés prennent soin de leurs coopérateurs et de leurs clients. Ils se sont fixé un maximum de 250 paniers distribués chaque semaine pour ne pas perdre le contact avec eux. Ils leurs ouvrent les portes de Terra chaque dernier dimanche du mois pour un moment festif. Au programme, activité au jardin selon la saison : jus de pomme, choucroute, récolte des pommes de terre… et repas partagé. Une fête de l’été et de l’hiver, où un restaurateur vient faire la cuisine avec les produits du jardin, est organisée avec les bénévoles.

Prendre soin de la Terre



Sophie, Pit et Marko ont conçu l’aménagement du terrain de manière à faire pénétrer l’eau dans leurs terres et à éviter l’érosion en créant des planches de culture le long des courbes de niveau. Définies entre les arbres fruitiers déjà présents sur le terrain, les planches de culture font 75 cm de large pour passer au-dessus sans effort. Les planches de plantes annuelles sont intercalées de planches d’aromatiques, petits fruits, plantes sauvages ou esthétiques.
Plan de Terra
Plan de l'aménagement du terrain où s'est implanté Terra.
Cette diversité rend l’environnement de travaille plus agréable et permet de diversifier la production, mais elle apporte aussi un véritable bénéfice pour la nature. Elle permet d’accueillir tout un tas de petites bestioles et d’avoir une meilleure résilience.
 
 
 
 


Ils prennent soin de la terre en respectant la vie du sol. Après quelques essais sur les manières de préparer le sol : avec rotoculteur, sans rotoculteur, avec compost, paillage, mulch…

Il s’est avéré que la meilleure façon de faire est de ne pas travailler le sol et de mettre une couche de carton et de compost. Cette combinaison permet une faible pousse des adventis, une bonne production et un respect de la biologie du sol.

L’évolution de l’acidité de leur sol en témoigne de manière frappante puisqu’elle est passée d’un pH acide de 4,2 à un pH neutre de 7 !
L’utilisation de produits de synthèse est proscrite dans leurs jardins. La terre est nourrie par le compost de déchets verts fourni par le service communal et par le système de culture bio intensif adopté à Terra : les cultures s’enchainent et le sol n’est jamais laissé à nu. Cela favorise la vie du sol et donc sa bonne santé.

La biodiversité entretenue dans les jardins permet de limiter les invasions de ravageurs.

Ils ont su adapter leur design pour contrer les petits désagréments causés par les limaces en y intégrant des canards coureurs indiens, redoutables dévoreurs de limaces et fournissant en prime des œufs !
Canards coureurs indiens à Terra
La mare au canards de Terra
Il y a également des ruches, un atout de plus pour la pollinisation des plantes, et un outil pédagogique. Ils projettent d’intégrer au site cochons et chèvres.
 
 

Terra est autonome en eau et en électricité. L’eau de pluie est récupérée le long des serres et stockée dans des mares.

Une pompe solaire emmène ensuite l’eau dans des cuves surélevées. L’irrigation se fait par gravitation.

L’électricité dont ils ont besoin est fournie par les panneaux solaires présents sur le site.

Partager équitablement



Le partage à Terra commence par le statut juridique adopté par les associés : la société coopérative. Ils partagent leur projet avec les Luxembourgeois et ceux-ci partagent leurs moyens financiers et savoirs faires avec les associés. Cela leur a en effet permis d’avoir un budget pour commencer grâce aux parts sociales. Ils ont obtenu 40 000 euros en 1 mois (en Février 2014) ce qui leur a permis d’acheter outils, serres, semences et compost pour débuter les cultures et à verser les premiers salaires.

Par le système d’Agriculture Soutenue par la Communauté (ASC), le premier au Luxembourg, les membres contribuent à une production alimentaire naturelle au sein même de leur pays. Ils partagent les réussites mais aussi ce qui a moins bien fonctionné dans les jardins de Terra. En effet, ils s’engagent à verser une somme fixe chaque mois en échanges de paniers de fruits et légumes qui sont définis non par un poids, mais qui sont fonction de la production. Si la production de carottes a été exceptionnelle ils auront alors beaucoup de carottes, en revanche si le temps ou les petites bestioles dévoreuses de plantes n’ont pas été cléments, les membres n’en mangeront pas beaucoup !

Marko, Pit et Sophie partagent leurs savoirs en accueillant woofers, bénévoles, stagiaires et apprentis. Ils partagent également leur expérience avec des personnes qui ont des projets similaires : des fermiers ont changés leur mode de travail à la suite de l’observation du fonctionnement de Terra. La transmission de savoir passe aussi par l’organisation d’ateliers. Des ateliers pédagogiques pour les plus jeunes (crèches et écoles) avec une participation aux travaux du jardin ou des jeux sur le thème du jardin. Les adultes peuvent aussi se former lors d’ateliers sur le compostage, la planification du jardin ou encore la permaculture. Les dimanches ouverts et autres manifestations proposées par Terra sont autant de manières de partager leur façon de voir les choses et leur mode de fonctionnement.

Il s’agit de toute évidence d’un projet inspirant comme nous le montre l’ouverture de Ouni, épicerie vrac et bio dont les créateurs se sont rencontrés lors d’un cours de permaculture à Terra !
 

La coopérative Terra vous plait ?

Vous pouvez retrouver Sophie, Pit, Marko et Cie sur leur page Facebook ou sur leur site internet :

 
Logo Terra

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